Depuis 1953, la revue Fiction publiait régulièrement les meilleurs textes de la revue américaine Fantasy & Science-Fiction ainsi qu’une selection de textes français et étrangers. Pour diverses raisons, la revue avait fait naufrage après son numéro 412, dernier opus publié en 1990, laissant un grand vide dans le paysage éditorial de la SF française. Il aura fallu attendre l’année 2004 pour qu’une petite maison d’édition française, Les moutons électriques (1) tente à nouveau l’aventure. Comme dans tout assemblage hétéroclite de textes, il y a du bon et du mauvais… petite selection.
Le Clan des Otori, de Lian Hearn
Voilà une saga qui a bénéficié d’une politique éditoriale des plus floues. Publié en France chez Gallimard Jeunesse, il sera rangé par les libraires aux côtés de Harry Potter et des Orphelins Baudelaire. La critique du journal Le Monde, citée au dos, le recommande pourtant « aux adultes et aux adolescents ». Puis, surprise, la version poche sera publiée dans la collection Folio, réservée habituellement à la littérature « blanche » et aux oeuvres de S.F. honorables, comme 1984. Trop adulte pour Folio Junior, la trilogie de Lian Hearn aurait tout à fait eu sa place aux côtés de La voie du sabre de Thomas Day chez Folio SF. Alors, quoi ? Les voies de l’édition sont impénétrables.
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Les Braises, de Sandor Marai
Lorsque j’ai commencé à écrire ce blog, mon idée était de parler de S.F. A l’époque, je lisais à peu près quatre-vingt-dix pour cent de SF et je m’étais laissé la possibilité de parler des dix pour cent restants dans la rubrique Ouvertures. Depuis, j’ai commencé à travailler en librairie et mes lectures se sont considérement diversifiées. Souvent, j’aborde un livre un peu classique avec une certaine appréhension. Parfois, ma première impression est fausse, et je le dévore. Je crois qu’il n’y a qu’une seule chose de mieux qu’un bon livre : c’est un livre qu’on lit à reculons et dont on se rend compte à la lecture qu’il est extraordinaire.
L’attentat, de Yasmina Khadra
L’attentat aborde le sujet délicat de la crise israélo-palestinienne par le biais de la tragédie personnelle. C’est donc à travers le regard d’Amine Jaafari, chirurgien israélien d’origine palestinienne dont la femme s’avère être une terroriste responsable d’un attentat à Tel Aviv que Khadra décortique le phénomène kamikaze. D’abord incrédule, Amine finit par accepter la vérité et, obsédé par son besoin de comprendre, décide de mener sa propre enquête en infiltrant le réseau terroriste.
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Neuromancien, de William Gibson
Il semble qu’il existe un paradoxe singulier et propre au monde de la SF qui veuille que les auteurs de cyberpunk soient les plus baba-cools et proches-de-la-nature qui soient. Il y a deux mois, pendant les Utopiales, j’entendais ainsi Neal Stephenson, l’auteur de Snowcrash déclarer qu’il n’utilisait pour écrire ses histoires qu’une feuille de papier et un crayon. Les ordinateurs, il les connaît bien : il sait qu’on ne peut pas s’y fier. Et j’apprenais pas plus tard qu’hier par le Cafard Cosmique que le secret de William Gibson pour écrire était de ne jamais regarder face à la télévision. Voilà que ceux qui sont les plus proches de la technologie en sont aussi les plus méfiants. Etonnant, non ?